Bonjour à tous,
Je me permets d'intervenir à l'occasion de ce post, puisque je suis tétraplégique depuis 5 ans ET aussi Avocat depuis plus de 10 ans (nul n'est parfait… ;) ).
Depuis mon accident, je me consacre exclusivement à la défense des victimes d'accidents, que ce soit de la circulation, du travail, de la vie privée...
Je défends plus particulièrement les personnes paraplégiques ou tétraplégiques auxquelles j'essaie d'apporter mon expérience et mes compétences.
D’ailleurs, lorsque j'annonce aux inspecteurs des compagnies d'assurances que je suis moi-même tétraplégique et donc bien placé pour savoir de quoi je parle pour défendre les intérêts de mes clients, je suis toujours amusé de voir l'angoisse que cela provoque chez eux…
Bref, tout cela pour vous dire qu'en cas d'accident il ne faut JAMAIS rester seul face aux compagnies d'assurances.
En matière d’accidents de la circulation, la loi ne prévoit aucun contrôle sur les indemnisations proposées par les assureurs (à part pour les mineurs).
Or, les séquelles des victimes sont évaluées par des médecins désignés par l’assureur, travaillant régulièrement pour lui et payés par lui.
De plus, c’est sur la base du rapport qui sera déposé par ce médecin que l’assureur fera ensuite une offre d’indemnisation, son intérêt étant bien évidemment de payer le minimum possible.
Dans ces conditions, face a des victimes déjà psychologiquement fragilisées et qui ne sont pas suffisamment informées de leurs droits, les risques de dérives sont malheureusement très nombreux…
Une fois le protocole d’indemnisation signé, la victime ne dispose que de 15 jours pour se rétracter.
Je suis encore bien trop souvent consulté par des victimes longtemps après qu’elles aient accepté une offre largement insuffisante, alors qu’il est malheureusement trop tard pour faire respecter leurs droits.
Il serait bien trop long de détailler ici l’ensemble des règles juridiques applicables aux différents types d’accidents, chaque victime, chaque situation étant en outre un cas particulier nécessitant une analyse spécifique.
Conduire au mieux une procédure d’indemnisation est un travail long, parfois très complexe et qui nécessite donc de solides compétences.
C’est pourquoi il faut absolument se renseigner le plus tôt possible auprès d’un avocat, de préférence spécialisé et avec de l’expérience.
Dans ce domaine, on trouve de tout ; des avocats incompétents comme d’autres intéressés seulement par l’argent au détriment des intérêts de leurs clients, mais aussi, fort heureusement, des gens très bien.
Attention aux soi-disant associations de victimes que vous trouverez un peu partout sur Internet !
Le sujet est un peu sensible, mais disons que certaines se contenteront de vous aiguiller vers des avocats avec lesquels elles sont «en cheville», et qui sauront leur en témoigner leur reconnaissance...
Un « bon » avocat doit normalement accepter de recevoir la victime dans le cadre d’une première consultation gratuite.
Il ne faut alors pas hésiter à poser l’ensemble des questions qui vous préoccupent, et notamment aborder la question des honoraires qui doivent être totalement transparents.
En la matière, la majorité des avocats pratique un honoraire fixe pour l’ensemble de la procédure ainsi qu’un honoraire de résultat sous la forme d’un pourcentage sur les sommes qui seront récupérées au profit de la victime.
Là encore, il faut faire bien attention aux sommes sur lesquelles s’appliqueront ce pourcentage.
À titre personnel, je considère que l’avocat ne doit percevoir aucun pourcentage sur les indemnités relatives à l’aménagement du domicile ou du véhicule, ainsi que sur le financement de toutes les aides matérielles ou techniques rendues nécessaires par le handicap.
Cela permet ainsi aux victimes de disposer entièrement de ces sommes pour financer leurs besoins, car nous savons tous ici à quel point être handicapé est un « luxe » qui coûte très cher.
Il faut ainsi exiger de l’avocat qu’il établisse des le début une convention d’honoraires qui récapitule de façon claire et compréhensible l’ensemble de ces différents éléments.
Normalement, celui-ci doit d’ailleurs vous le proposer de lui-même ; si ce n’est pas le cas, ou si certains points ne vous semblent pas clairs, mieux vaut tenter de se renseigner ailleurs.
Enfin, l’avocat doit travailler avec des professionnels comme des médecins experts, des ergothérapeutes ou des architectes si besoin afin d’organiser au mieux la défense des intérêts de ses clients.
Après, en ce qui concerne le choix de l’avocat, c’est un peu une question de feeling.
Comme pour un bon médecin, je pense qu’il est essentiel de se sentir en confiance avec son avocat, qui doit pouvoir être facilement disponible et capable d’apporter un véritable soutien, non seulement juridique mais aussi psychologique compte tenu de la nature et des difficultés des épreuves que nous avons à traverser.
Le but est de permettre à ses clients de consacrer toutes leurs forces à l’essentiel, c’est-à-dire un retour à la vie familiale, sociale et professionnelle dans les meilleures conditions possibles.
Il ne faut donc absolument pas hésiter à consulter un avocat, même si je comprends parfaitement l’appréhension que l’on peut ressentir à cette idée.
Au final, on peut donc dire qu’un « bon » avocat est là non pas pour créer des problèmes mais pour apporter des solutions.
Allez, je m’arrête là, en espérant vous avoir aidé à y voir un peu plus clair.
Mais qu’est-ce que je peux être bavard, une vraie déformation professionnelle!...