Pour info :
Trouvaille que vaille
Quand l'orgasme prend la tête
Par Edouard LAUNET
lundi 19 avril 2004 (Liberation - 06:00)
Les magazines hebdomadaires voient dans les douleurs du dos le véritable «mal du siècle». Nous sommes pourtant nombreux à penser que c'est l'apparition soudaine de migraines lors des rapports sexuels qui a pourri le siècle dernier (et le nouveau n'a guère meilleure mine). Mieux que sur une expérience personnelle, nous nous appuyons ici sur l'article «Vasospasme cérébral et mal de tête durant les orgasmes coïtaux ou masturbatoires», qui vient de paraître dans la revue américaine Headache (vol. 44, n° 3, pp. 244-248).
Cette étude confirme ce que des travaux antérieurs pointaient depuis des lustres : certaines personnes sont à peine au lit (pas pour dormir) qu'elles dégustent. Les vaisseaux qui courent dans leur crâne se resserrent, un mauvais film commence : une histoire d'apocalypse avec des effets spéciaux vraiment nazes. Les auteurs de l'article ont étudié au scanner le cerveau d'une patiente de 44 ans avant, pendant et après l'orgasme. Tout ça pour conclure que la pauvre femme avait de bonnes raisons de se plaindre, et qu'il restait pas mal de travail pour comprendre ce genre de migraine explosive.
L'an dernier, une équipe russe avait présenté 19 cas (15 hommes et 4 femmes) dans le Zhurnal Nevrologii i Psikhiatrii Imeni SS Korsakova (vol. 103, n° 10, pp. 21-25). Le mal au crâne commençait avant l'orgasme chez 58 % des patients, pendant chez 26 %, et après chez 16 %. Les céphalées sévères duraient une quinzaine de minutes, les autres pouvant subsister durant des heures. Si le mal de tête apparaît au moment de l'orgasme, il peut être utile de rechercher un problème sous-jacent, comme un anévrisme ou une hémorragie, lisons-nous sous la plume de neurologues avertis (Forum médical suisse, janvier 2002, pp. 93-99). S'il survient après l'orgasme, il s'agit dans la plupart des cas d'une céphalée bénigne. Nous n'avons rien de rassurant à ajouter, si ce n'est que vous n'êtes pas seuls dans l'adversité.
© libération