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Le Sénat défie M. Bush sur les cellules souches embryonnaires humainesLE MONDE | 19.07.06 | 15h58 Le Sénat a adopté, mardi 18 juillet, par 63 voix - dont 19 républicaines - contre 37 une loi qui supprime les limites fixées par l'administration Bush au financement public des recherches sur les cellules souches embryonnaires humaines. George Bush a annoncé que - pour la première fois de sa présidence - il opposerait son veto pour bloquer ce texte qu'il juge "immoral".En 2005, la Chambre des représentants a voté le même texte que le Sénat par 238 voix contre 194. Il autorise l'utilisation de fonds fédéraux pour des études médicales sur des embryons congelés, fertilisés in vitro, promis à la destruction. Il y en a environ 400 000 aux Etats-Unis.La Maison Blanche s'oppose fermement à cette loi. "Elle contraint tous les contribuables américains à financer des recherches à partir de la destruction intentionnelle d'embryons humains", a déclaré, lundi, la présidence dans un communiqué.Mardi, le porte-parole de la Maison Blanche, Tony Snow, a ajouté : "Le président considère qu'il est inapproprié pour le gouvernement fédéral de financer ce que beaucoup de personnes considèrent comme un meurtre."Après une longue controverse, George Bush avait autorisé, en août 2001, dans des conditions limitées, le financement fédéral de recherches sur les cellules souches d'embryons déjà détruits. Il se refuse à aller au-delà en dépit des pressions de la communauté scientifique et d'une opinion américaine favorable à près de 70 %, selon les sondages, à l'extension des recherches.Ces cellules peuvent en principe se reproduire et fabriquer une grande variété de tissus cellulaires, pouvant permettre un jour de "réparer", voire de remplacer, des organes endommagés et de guérir des maladies incurables.Le président évoque un "choix entre la science et l'éthique" et a annoncé qu'il mettrait son veto. Légalement aucun obstacle ne s'y oppose, le texte n'ayant pas été adopté au Sénat comme à la Chambre des représentants par une majorité des deux tiers nécessaire pour empêcher un veto. textes ont été aussi votés, mardi, auxquels ne s'oppose pas la Maison Blanche. Le premier porte sur l'aide à la recherche à partir de cellules souches non embryonnairDeux autreses et le second interdit le développement spécial de foetus pour la recherche.Pendant deux jours, les débats au Sénat ont été passionnés. Ils ont largement dépassé les clivages traditionnels entre républicains et démocrates. Certains parlementaires ont évoqué des tragédies familiales et des maladies incurables qui pourraient être éventuellement guéries un jour par les recherches sur les cellules souches et d'autres ont mis en avant leurs convictions religieuses."La science a progressé au cours des cinq dernières années", a déclaré Bill Frist, le numéro un de la majorité républicaine du Sénat, qui est chirurgien. "Je pense que les limites sur les lignes de cellules souches disponibles pour la recherche sur fonds publics sont trop restrictives", a-t-il ajouté.Pour la démocrate Dianne Feinstein, "rejeter la loi, c'est rejeter la science et rejeter l'espoir de millions de malades". Elle prévoit un tollé si M. Bush met son veto. A l'opposé, le sénateur républicain Sam Brownback, se refuse "à traiter des êtres humains comme des matières premières".Le Parti républicain est profondément divisé. Des personnalités comme Nancy Reagan, veuve de l'ancien président Ronald Reagan, ou Arnold Schwarzenegger, gouverneur de Californie, sont des partisans de la nouvelle loi tout comme certains sénateurs républicains opposés à l'avortement comme Orrin Hatch.Mais ce n'est pas le cas de la plupart des groupes religieux conservateurs qui forment le socle électoral de George Bush comme le Family Research Council, Concerned Women for America, la Southern Baptist Convention ou la Conférence des évêques catholiques.La communauté scientifique estime que l'argent public est indispensable, car le privé peut difficilement financer des recherches qui ne déboucheront pas sur des applications pratiques avant de longues années."Il faudra de vingt à trente ans avant que les cellules souches puissent être utilisées pour des applications médicales de routine. La commercialisation de ces traitements est si lointaine que j'ai simplement décidé de ne pas investir dans ces recherches", explique William Haseltine, PDG de Human Genome Sciences, la société privée qui a été la première à établir la carte du génome humain.Les grands laboratoires pharmaceutiques se sont presque tous abstenus jusqu'à aujourd'hui de mettre le moindre dollar dans ce domaine. Ils ne veulent pas s'exposer aux foudres des Eglises et des ultraconservateurs, mais jugent aussi et surtout que la rentabilité est trop aléatoire.Eric Leser