Un autre article.
Cellules souches. Un laboratoire de pointe
L’Institut des cellules souches I-Stem financé pour moitié par l’Association française contre les myopathies (AFM), a été inauguré, hier, à Evry (Essonne). Il vise à mieux comprendre les maladies dues au défaut d’un seul gène et à étudier le potentiel thérapeutique des cellules souches.
Prélevées sur un embryon de 5,5 à 7,5 jours (stade de blastocyste), les cellules souches sont dites embryonnaires : elles sont capables de proliférer indéfiniment comme si elles étaient immortelles, et de se spécialiser (différencier) pour devenir n’importe quel type de cellules de l’organisme (peau, nerf, muscle, cœur...), explique Marc Peschanski, qui dirige l’Institut des cellules souches pour le traitement et l’étude des maladies monogéniques (I-Stem).
- Une descendance de milliards de cellules
A partir d’une unique cellule souche embryonnaire on peut créer une lignée, c’est-à-dire une descendance, de millions, voire de milliards de cellules ayant le même patrimoine génétique. Les cellules souches dites « adultes » - que l’on trouve chez l’embryon d’un mois, le fœtus ou l’adulte - sont déjà plus spécialisées : elles ne peuvent donner naissance qu’à quelques types de cellules et arrêtent de proliférer en vieillissant. I-Stem avait été créé, à l’essai, dès janvier 2005.
L’Inserm, l’AFM, l’université et le génopole d’Evry en sont les « partenaires fondateurs ». Ayant fait ses preuves, le laboratoire emploie maintenant une soixantaine de personnes. En juin, l’équipe de Michel Pucéat a montré que les cellules souches embryonnaires humaines sont bien capables de se transformer en cellules musculaires cardiaques susceptibles de réparer un cœur endommagé après un infarctus.
- Comment soigner
Il faut, explique le Pr Peschanski, chercheur à l’Inserm, identifier et utiliser les « signaux » appropriés pour, étape par étape, orienter les cellules souches indifférenciées vers le destin souhaité : muscle, neurone, cœur... Grâce à des lignées de cellules souches provenant d’embryons issus d’une fécondation in vitro, dépistés porteurs d’une maladie génétique (Huntington, Steinert...), l’objectif est aussi d’observer l’évolution de ces pathologies au niveau cellulaire. Avec l’espoir de découvrir comment soigner. Un robot automatisé à haut débit, encore en phase de tests, doit à l’avenir « cribler » (tester) de potentielles molécules thérapeutiques sur des cellules cultivées dans plusieurs dizaines de milliers de « puits » ou alvéoles.
A l’occasion de l’ inauguration de cet un institut , la ministre de la Recherche , Valérie Pécresse , a invité, hier, à une réflexion éthique en France sur la création d ’ embryons hybrides homme-animal, en « principe » autorisée en Grande-bretagne.
La législation française actuelle n’ autorisant pas le clonage thérapeutique, la création d ’ embryons, en remplaçant l’ ADN du noyau d'un ovule d’ animal par l'ADN d'une cellule humaine, est exclue.
- Ce que dit la loi
La loi de bioéthique du 6 août 2004 a autorisé pour cinq ans les recherches sur les cellules souches embryonnaires « lorsqu’ elles sont susceptibles de permettre des progrès thérapeutiques majeurs » et qu'il n'existe pas de méthode alternative. Une révision de la loi est prévue en 2009, qui devrait être précédée par la tenue d'Etats généraux de la bioéthique, permettant d ’ éclairer les enjeux.
La loi actuelle interdit la création par clonage d'embryons à des fins scientifiques ou thérapeutiques, mais des recherches sont permises, sous réserve d ’ une autorisation de l’ Agence de la biomédecine, à partir d’ embryons issus d’ une fécondation in vitro (FIV) que les couples géniteurs acceptent de donner pour la recherche.
- Des embryons « stockés »
Pour éviter les grossesses multiples et les stimulations ovariennes répétées, des embryons issus d ’ une FIV peuvent être stockés dans l ’ attente d ’ un nouveau projet d ’ enfant à naître.
Des dizaines de milliers d’embryons congelés, pour certains depuis très longtemps, et sans projet parental sont dits « surnuméraires » . S'ils ne comptent plus l ’ utiliser, leurs géniteurs peuvent consentir par écrit au don de l'embryon pour la recherche. Les embryons conçus par FIV , qui se révèlent porteurs d'une maladie génétique et sont voués à la destruction après un diagnostic préimplantatoire (DPI) , peuvent aussi être utilisés pour créer des lignées de cellules souches embryonnaires porteuses de l ’ anomalie génétique concernée.
Les futurs parents peuvent consentir à ce que « les embryons porteurs de l'anomalie » fassent l'objet d ’ une recherche au lieu d'être détruits, selon un décret publié le 7 février 2006. Sur près de 10.000 FIV pratiquées chaque année en France, une centaine donne lieu à un DPI, qui permet aux couples ayant un fort risque d'avoir un enfant atteint d ’ une maladie génétique grave, de sélectionner des embryons sains avant leur implantation dans l ’ utérus maternel.
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