Soigner la douleur avec l'électricité
Une étude canadienne démontre que l’implantation d’un petit «bidule» diffusant un choc électrique dans la colonne vertébrale permet de réduire davantage la douleur chronique que les seuls traitements médicaux traditionnels. Bienvenue dans l’univers de la neurostimulation.
La neurochirurgienne Line Jacques, de l’hôpital neurologique de Montréal de l’Université McGill, voit dans cette étude un espoir pour des millions de patients du monde entier.
Le neurostimulateur est un électrode implanté dans la moelle épinière, au niveau de la région thoracique. Il est actionné par le patient lui-même, aussi souvent qu’il le désire. L’électrode envoie alors une impulsion électrique qui bloque les signaux de douleur envoyés au cerveau.
Les personnes visées par ce type de traitement sont celles ayant des douleurs chroniques principalement aux jambes, mais parfois aussi au dos, à la suite d’événements comme des hernies discales. Ce sont souvent des hommes de 45, 50 ou 55 ans ayant «travaillé fort» toute leur vie, note la Dre Jacques, qui a collaboré à la recherche.
L’étude PROCESS s’est déroulée dans différents pays auprès de 100 patients; elle en a rallié 50 au Canada, dont 25 à Montréal. Tous ces gens avaient déjà subi une panoplie de chirurgies et de traitements, allant de la physiothérapie à l’ergothérapie en passant par l’acupuncture, et bien sûr les cocktails médicamenteux. Bref, des cas un peu désespérés.
Résultats probants
La moitié des recrues bénéficiaient seulement des traitements conventionnels, et l’autre moitié avait en plus accès à la neurostimulation. Les résultats sont probants : ceux ayant bénéficié des traitements conventionnels et de la neurostimulation ont connu un soulagement nettement plus significatif de leur douleur et une amélioration de leur qualité de vie supérieure à ceux n’ayant pas accès à la neurostimulation.
Selon la Dre Jacques, cette méthode thérapeutique devrait être ajoutée à l’arsenal normal de traitement pour les personnes appropriées. Mais elle juge déplorable que son accès soit limité et les listes d’attente si longues.
Elle énumère parmi les contraintes la difficulté d’accéder à un neurochirurgien (certains n’y parviennent jamais), l’accès limité aux blocs opératoires et les budgets fermés pour la technologie. Il se fait environ 60 implantations par année, dit-elle, dont le tiers à Québec (à l’Enfant-Jésus), et le besoin est certainement du double.
De 2 à 8 % de la population vit de la douleur chronique. Au Canada, elle touche plus d’un million de personnes.
http://www.cyberpresse.ca/article/20071111/CPSOLEIL/71110060/6949/CPSOLEIL 