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Mais vous savez quoi, ceux qui critiquent sans arrêt, vous n’avez qu’à faire des études, et vous n’avez qu’à vous lancer dans la recherche si c’est si facile !Moi jamais il ne me viendrait à l’idée de cracher sur les chercheurs… Et pourtant, comme bien d’autres ici, je fais partie des tétraplégiques qui ont perdu leur autonomie.
ces chercheuses veulent faire remarcher des patients paralysés
Neurosciences : ces chercheuses veulent faire remarcher des patients paralysésENTRETIEN. Lauréates du palmarès des inventeurs du « Point » 2023, Fatiha Nothias-Chahir et Sylvia Soares ont développé un biomatériau pour réparer la moelle épinière des personnes paralysées.Publié le 26/06/2023 C'est l'histoire d'une rencontre entre une neuroscientifique et une étudiante en quête d'une directrice de thèse. Depuis 1992, Fatiha Nothias-Chahir, directrice de recherche au CNRS, cherche des moyens pour permettre au corps de récupérer ses fonctions après un accident qui touche le système nerveux et provoque une paralysie.C'est à l'Institut Alfred-Fessard, à Gif-sur-Yvette, que celle qui vient de fêter ses 30 ans de carrière au CNRS a rencontré Sylvia Soares, aujourd'hui professeure de neurosciences à Sorbonne Université. Elles constatent que, si la rééducation améliore la vie des patients, rien n'est proposé cliniquement pour réparer la lésion de la moelle épinière.(...)Source : https://www.lepoint.fr/sante/neurosciences-ces-chercheuses-veulent-faire-remarcher-des-patients-paralyses-26-06-2023-2526250_40.php#11
AIM-3 : STRATÉGIES DE RÉGÉNÉRATION DE LA MOELLE ÉPINIÈRE APRÈS UNE LÉSION TRAUMATIQUELes lésions de la moelle épinière (SCI) entraînent une invalidité grave et permanente et ont des conséquences sociétales importantes. La seule thérapie approuvée pour traiter les lésions médullaires est le traitement aigu à la méthylprednisolone, qui a très peu d'impact sur le rétablissement du patient. Cela est dû en partie à la capacité limitée du système nerveux central (SNC) humain adulte à s'auto-réparer après une blessure. La recherche fondamentale a fait des progrès dans l'élucidation des mécanismes impliqués dans la neurodégénérescence et l'inflammation après une lésion médullaire et les causes limitant la régénération des axones. Ces connaissances ont servi de base au développement de modèles animaux de SCI qui, à leur tour, permettent de développer de nouvelles approches pour la réparation du SNC et la récupération fonctionnelle. La restauration maximale après une lésion médullaire ne sera atteinte que par une combinaison de thérapies, une approche qui nécessite une stratégie de recherche multidisciplinaire comme celle que nous avons établie pour nos études. Notre objectif principal est l'utilisation de nouveaux biomatériaux comme base pour créer des stratégies de réparation combinatoires uniques pour traiter les lésions médullaires. Nous avons établi une collaboration étroite avec des experts de la recherche sur les polymères naturels qui ont développé des hydrogels innovants à base de glycosaminoglycanes capables de soutenir les thérapies cellulaires et le traitement par petites molécules/médicaments des lésions médullaires (IMP, Univ Lyon 1, dirigé par Laurent David). Notre collaboration a donné des résultats prometteurs dans le traitement des lésions médullaires à l'aide d'échafaudages de biomatériau de chitosane seuls. L'implantation de notre formulation brevetée dans le tissu lésé SCI entraîne une réduction de la formation de cicatrices, une revascularisation fonctionnelle, une inflammation modulée et, plus remarquable encore, la présence d'un nombre élevé d'axones dans l'implant et la récupération fonctionnelle (brevet, thèse de doctorat et article soumis). Ces résultats confirment la capacité de notre nouvelle approche à induire la récupération de SCI expérimentale, et la faisabilité de nos études proposées pour faire progresser ce traitement pour le développement clinique futur.Notre projet utilisera de nouvelles approches combinatoires destinées à optimiser l'efficacité d'un biomatériau en le combinant avec des médicaments neuroprotecteurs pour minimiser le dépérissement des axones et prévenir la dégénérescence progressive secondaire des neurones par thérapie cellulaire.Source : https://www.ibps.sorbonne-universite.fr/fr/Recherche/umr-8246/regeneration-et-croissance-de-l-axone
(...)Thierry Lhermitte : Exactement ! Et on arrive là au projet de Fatiha Nothias. L'idée qu'elle a eue, c'est d'utiliser l'ingénierie tissulaire pour reboucher cette cavité et permettre aux neurones restants de faire repousser leurs fibres pour éventuellement refaire des connexions. L'invention de son équipe, qui est brevetée, c'est un biomatériau qu'on peut injecter directement dans la lésion. Il est composé de chitosane, un dérivé de la chitine. La chitine, c'est ce qui constitue la carapace des crustacés et le squelette des insectes. Et l'avantage, c'est que le chitosane est un sucre complexe totalement biocompatible, c'est-à-dire totalement neutre pour l'organisme. On l'utilise même en cosmétique pour combler les rides. L'équipe l'emploie polymérisé, puis ce gel est fragmenté en très petites particules et injecté directement dans la lésion.Ali Rebeihi : Et ça marche ? les fibres des neurones repoussent ?Thierry Lhermitte : C'est génial ! J'ai vu les images de microscopie, on voit les astrocytes qui, au lieu de former une ceinture qui étouffe la réparation, accompagnent la repousse des fibres nerveuses vers le centre de la lésion. Le résultat, c'est qu'il n'y a plus cette cavité qui se forme à cause de la nécrose des cellules nerveuses. Le biomatériau favorise leur survie. Et en plus, les chercheurs ont montré que la couche protectrice (la myéline) autour des fibres nerveuses se récrée et que le tissu nerveux se revascularise aussi, ce qui est important pour retrouver ses fonctions.Ali Rebeihi : Et maintenant quelle est la suite ?Thierry Lhermitte : C'est à ce moment-là qu'entrent en scène les deux autres équipes avec lesquelles Fatiha Nothias s'est associée pour ce projet. Il s'agit de la Professeure Rachel Sherrard, qui dirige une équipe sur la réparation des réseaux de neurones à l'Institut Paris Seine, et du Professeur Nicolas Guérout, qui lui mène des recherches sur les neurones moteurs à l'Institut des neurosciences SPPIN à Paris. Tous deux sont des spécialistes de la stimulation magnétique des neurones. Car le grand projet de ce consortium, c'est d'essayer d'améliorer la réparation des lésions de la moelle épinière en combinant l'injection du biomatériau de chitosane et la stimulation magnétique.Ali Rebeihi : Mais pourquoi la stimulation magnétique ?Thierry Lhermitte : Car le Pr Guérout a montré qu'une stimulation magnétique externe (donc non invasive) augmentait le recrutement des cellules souches qui sont dans la moelle épinière et qui vont donner de nouvelles cellules nerveuses. Ici, l'originalité du projet, c'est de faire une double stimulation : au niveau de la lésion de la moelle épinière, pour calmer l'inflammation et activer la colonisation de nouveaux neurones dans la lésion grâce au biomatériau, et ensuite stimuler les zones motrices du cerveau pour essayer de reconstituer le circuit moteur.Ali Rebeihi : Donc avec cette approche les chercheurs espèrent à terme réussir à réparer les lésions de la moelle épinière et éviter la paralysie ?Thierry Lhermitte : C'est leur objectif ! Mais avant il y a énormément de questions à explorer : quels doivent être les paramètres de la stimulation magnétique, à quel moment intervenir précisément, est-ce que des lésions anciennes pourront être traitées avec succès, etc. ? Et Fatiha Nothias est cofondatrice d'une start-up, qui s'appelle Medjeduse, pour valoriser l'invention du biomatériau et préparer le passage à la clinique. Beaucoup d'espoirs donc !