Italie : l’inventeur de la méthode Stamina accusé d’avoir fraudé
Dans un article publié dans la revue « Nature », un groupe de chercheurs accuse David Vannoni d’avoir copié un protocole développé par des scientifiques russo-ukrainiens.
Déjà traité de charlatan par la revue scientifique généraliste américaine « Science » et par le journal britannique « Nature » qui remettent en question ses compétences, David Vannoni l’inventeur de la méthode Stamina, est aujourd’hui accusé de plagiat.
Rappel des faits
Rappel des faits : en avril dernier, le sénat italien approuve un décret-loi autorisant les thérapies à bases de cellules staminales mésenchymateuses pour soigner certaines maladies dégénératives. À la mi-mai, le ministère de la Santé donne son feu vert pour une série d’expérimentations basées sur la méthode inventée par la fondation créée en 2009 par l’ex-professeur de lettres et de psychologie David Vanonni. Dans la foulée, une enveloppe de trois millions d’euros est débloquée pour couvrir le programme d’essai qui se déroulera sur une période de deux ans. Les premiers essais auront lieu d’ici à la fin du mois. Une décision inacceptable pour la communauté scientifique internationale qui s’est déjà mobilisée à six reprises contre l’Italie et la méthode Stamina, notamment dans la revue « Nature ».
Des données de 2003
Dans une enquête publiée il y a quelques jours dans la revue britannique, un groupe de chercheurs accuse David Vannoni de
« fraude scientifique ». La demande de brevet présentée aux États-Unis en 2010 par le fondateur de Stamina, est basée sur des données élaborées par des chercheurs russes et ukrainiens qui ont présenté leur projet en 2003. La biologiste Elena Schegelskaya membre du comité de recherche de Kharlov National Medical University et co-auteure du projet a déclaré à la revue « Nature » que
« les images et données présentées par la fondation Stamina proviennent de la recherche effectuée par le groupe russo-ukrainien présentées en 2003 puis en 2006 notamment dans la revue Ukrainian Neurosurgical Journal ».
Du coup, de nombreux chercheurs italiens parlent de plagiat à commencer par Michele De Luca, directeur du centre de médecine régénérative de Modène et de Reggio Emilia. Pour sa part, la directrice du Laboratoire de cellules embryonnaires de l’université de Milan estime que les cellules immatures de la moelle épinière peuvent être uniquement transformées en cellules d’os, de peau ou de cartilage.
« Personne n’a réussi à prouver jusqu’à présent que l’on peut transformer une cellule de la moelle épinière en cellule nerveuse », déclare Elena Cattaneo.
Demande d’arrêt immédiat
Le son de cloche est identique du côté du pharmacologue Silvio Garattini qui évoque le besoin de transparence. Et demande à voir le fameux protocole développé par la fondation Stamina. Mais c’est là que le bat blesse, David Vannoni ayant toujours traîné les pieds même lors de la discussion au sénat avant l’approbation de la période d’essais de sa méthode.
Dans une lettre adressée au ministre de la Santé, les scientifiques italiens demandent l’interruption immédiate du programme d’essai.
« Le gouvernement doit prendre ses distances par rapport à une méthode qui ne doit pas être expérimentée aux frais du contribuable et porter plainte devant les tribunaux », a déclaré Paolo Bianco, chercheur à l’université La Sapienza de Rome.
ARIEL F. DUMONT, À ROME
Date article: 08 juillet 2013
source:
http://www.lequotidiendumedecin.fr/actualite/international/italie-l-inventeur-de-la-methode-stamina-accuse-d-avoir-fraudeG.