Un traitement contre les lésions de la moelle épinière mis au point en Auvergne
Le premier essai clinique sur l'homme d'une molécule porteuse d'espoir dans la réparation des lésions de la moelle épinière vient d'être autorisé. Baptisée NX210, cette molécule a été mise au point par la société Neuronax implantée à Saint-Beauzire (Puy-de-Dôme).
La société biopharmaceutique Neuronax de Saint-Beauzire, dans le Puy-de-Dôme, vient d’obtenir le feu vert de l’Agence nationale pour la sécurité des médicaments (ANSM) pour lancer un essai clinique sur l’homme avec la molécule NX210, porteuse d’espoir dans la réparation des lésions de la moelle épinière.
- Pas de traitement des lésions de la moelle épinière
En France, 1.200 personnes sont victimes, chaque année, d’un événement endommageant la moelle épinière. Accident de sport ou de la route, chute… des événements qui créent des traumatismes de la colonne vertébrale, générant des handicaps sévères. Or, aujourd’hui, il n’existe aucun traitement approuvé pour réduire cette perte partielle ou complète de la fonction sensorielle.
- Une molécule porteuse d’espoir
Depuis une quinzaine d’années, des chercheurs auvergnats travaillent sur une molécule prometteuse qui stimule la pousse des extensions nerveuses. En permettant aux neurones de se reconnecter entre eux l’information motrice peut alors circuler du cerveau aux muscles, aux viscères, à la peau… Neuronax a mis au point la molécule NX210 et après les rats, ce candidat-médicament va donc pouvoir être testé chez l’homme.
- Vérifier la tolérance
« La première administration chez l’homme devrait intervenir le dernier trimestre de 2017. Dans cette première phase, nous allons vérifier la tolérance du produit chez des patients en phase aiguë d’un traumatisme de moelle épinière », explique Yann Godfrin, le président-directeur général, depuis avril 2016, de Neuronax. Une tolérance qui est apparue très bonne chez l’animal. « Aucune toxicité n’a été observée », confirme-t-il.
- Qui participera à l'essai ?
Cinq centres d’investigations vont prendre part à cet essai clinique en France et en Belgique. Le coordonnateur principal sera le service de neurochirurgie du CHU de Clermont-Ferrand avec le professeur Jean Chazal, neurochirurgien et doyen de la faculté de médecine et le docteur Laurent Sakka, en collaboration avec le laboratoire d’anatomie de la faculté de médecine de Clermont-Ferrand, l’ICM Paris (Institut du cerveau et de la moelle épinière) et la Fondation d’entreprise Michelin. En Belgique, il s’agira du professeur Raftopoulos de l’Université catholique de Louvain. Les trois autres centres, sont pour l’heure, situés à Lyon, Bordeaux et Paris (hôpital Georges-Pompidou).
Jusqu’à trente-six patients seront recrutés par l’un des cinq centres participants, les lésions de leur moelle épinière devront être très récentes (quatre jours après l’admission à l’hôpital).
- Efficacité
Une fois que la tolérance de NX210 sera établie, une phase II se mettra alors en place afin d’investiguer, cette fois, en termes d’efficacité. Mais d’ores et déjà, les scientifiques ont pu constater une efficacité chez le rat.
« Grâce à NX210, nous pouvons protéger les neurones et recréer un environnement favorable dans lequel s’établissent des connexions nerveuses. Nous avons pu observer une récupération de la fonctionnalité, notamment la marche, chez l’animal lésé », souligne Stéphane Gobron, fondateur et directeur scientifique de la société.
- Quelle suite ?
« Nous ambitionnons de tester NX210 dans d’autres indications thérapeutiques, telles que les maladies neurodégénératives » (Parkinson, Alzheimer, sclérose en plaques, NDLR), confirme le chercheur. Des premiers tests sur un faible nombre d’animaux ont été encourageants même si, prévient Stéphane Gobron, « cela reste des résultats très préliminaires ».
L'étude, mode d'emploi
Entre 20 et 36 patients vont être progressivement recrutés, en France et en Belgique, pour participer à l’essai clinique visant à vérifier la tolérance, dans une première phase, de la molécule NX210. L’étude, en escalade de doses (augmentation progressive du nombre de patients) se déroulera dans au moins cinq hôpitaux français et belge. La molécule sera donc injectée à doses croissantes (une seule injection par patient) directement dans le liquide céphalo-rachidien, au niveau de la colonne vertébrale, à l’image d’une péridurale. Après autorisation, une phase II se mettra en place, afin de vérifier l’efficacité biologique du médicament expérimental et la reprise fonctionnelle.
Source :
http://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand/sante/puy-de-dome/2017/03/29/un-traitement-contre-les-lesions-de-la-moelle-epiniere-mis-au-point-en-auvergne_12341066.html