Des sangsues pour faire la peau à la maladie d'Alzheimer ?Mardi 11.11.2008 - La Voix du Nord
C'est la thèse d'un laboratoire villeneuvois, seul en France à travailler sur la sangsue médicinale. Alors que la thérapie moderne redécouvre ses vertus, le Pr Michel Salzet prédit un avenir tout rose à cette espèce en voie de disparition. Les travaux du chercheur montrent que l'annélide génère des antibiotiques naturels et pourrait inverser les effets de la maladie d'Alzheimer. C'est pratiquement du jamais vu dans la nature : la sangsue est capable de reconstituer son système nerveux s'il est endommagé. En fait, elle se régénère en créant de nouvelles connexions. C'est ce qu'ont mis au jour des chercheurs du laboratoire de neuroimmunologie des annélides (CNRS), à la Cité scientifique. « Nous avons isolé certains éléments qui pourraient déboucher sur de nouveaux traitements des maladies neuro-dégénératives, comme Alzheimer », explique le Pr Michel Salzet, directeur du labo.
L'idée : réimplanter ces éléments chez les malades, pour créer de nouveaux neurones, afin de restaurer les connexions nerveuses. « Cela offrirait également un espoir pour les personnes handicapées après un accident de la route. » Une révolution scientifique que les neurochimistes villeneuvois peaufinent depuis quatre ans. Récoltant des prix, comme celui de l'innovation au salon « Créer » à Lille, en septembre, ou celui de l'Agence nationale de la recherche, en juin. Mais le médicament miracle n'est pas pour demain : reste encore la phase clinique, qui doit être confiée à un laboratoire pharmaceutique. « Mais les premiers résultats sont excellents chez les invertébrés », confirme le Pr Salzet.
Pour porter ces projets à la phase industrielle, l'enseignant-chercheur a créé une société au sein même de l'université. Une autre révolution, administrative celle-là, pour gérer les contrats industriels. Car le laboratoire villeneuvois, seul au monde à étudier la structure moléculaire de la sangsue médicinale, a fait une autre découverte majeure : la petite bête visqueuse désamorce beaucoup de virus, même le SIDA. Impossible de l'infecter : elle résiste en sécrétant des antibiotiques naturels très puissants. « Ils permettraient de soigner en théorie beaucoup de maladies virales, bactériennes ou nosocomiales », affirme le Pr Salzet. Les substances actives sont concentrées dans la salive de la sangsue et les chercheurs villeneuvois ont réussi à en recréer certaines in vitro. « Nous sommes prêts pour la phase pré-clinique », assure l'universitaire.
De quoi redonner tout son crédit à la sangsue, dont on connaît les vertus thérapeutiques depuis l'Antiquité. Les recherches villeneuvoises lui offrent une cure de jouvence. On se met à espérer que ce laboratoire de chimie, qui fut celui de Pasteur il y a 150 ans, soit encore celui des découvertes fondamentales pour la santé. •
Source :
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