Paralysie : percée dans la recherche à l’Université de Tel-Aviv.
Une équipe de chercheurs dirigée par le Prof. Daniel Offen de l’Ecole de médecine de l’Université de Tel-Aviv, chef du laboratoire de neuroscience, et le Prof. Shulamit Levenberg du Technion, a réussi à réparer la moelle épinière sectionnée de rats paralysés, et à restaurer leurs sensations et leur capacité à marcher.
La méthode, fondée sur l’ingénierie tissulaire et l’implantation de cellules souches, devra attendre pour être employée sur des humains, mais les chercheurs sont convaincus qu’elle pourra dans l’avenir changer la vie de millions de patients paralysés.
Les lésions de la moelle épinière peuvent entraîner une paralysie irréversible en raison des dommages causés aux cellules nerveuses responsables de la communication avec les autres nerfs. Mais selon les chercheurs, même si des progrès significatifs ont été réalisés, les effets d’une moelle épinière totalement sectionnée n’ont jamais pu être inversés jusque là. “C’est la première fois qu’on arrive à rétablir les sensations dans les membres et une capacité motrice complexe permettant la marche de manière significative, à l’aide de l’implantation de cellules souches, et ce en quelques semaines seulement”, ont-ils indiqué.
La recherche s’est déroulée en quatre étapes. Tout d’abord, les chercheurs ont isolé des cellules souches adultes de la région des gencives, “car ce sont des cellules relativement faciles à produire et qui ont une capacité de différentiation flexible”.
La deuxième étape de l’expérience a utilisée une méthode d’ingénierie tissulaire développée par le Prof. Levenberg : les cellules ont été placées sur un échafaudage tridimensionnel, sorte de squelette fait de matériaux organiques sur lesquels le tissu peut se développer, qui guide la croissance des cellules souches et des neurones et donne au tissu un juste équilibre entre flexibilité et rigidité.
Lors d’une troisième étape, basée sur les recherches du Prof. Offen, on a injecté aux cellules des facteurs de croissance qui les ont amenées à sécréter des protéines stimulant la régénération des cellules nerveuses.
Enfin, dans une quatrième étape, les tissus artificiels une fois prêts ont été implantés sur la moelle épinière.
L’étude a porté sur 53 rats qui ont été répartis en quatre groupes : un groupe non traité, et les trois autres traités à différents niveaux, le quatrième ayant bénéficié du traitement total.
Après environ trois semaines, les rats de ce dernier groupe “ont démontré une récupération motrice et sensorielle supérieure à celle de tous les autres groupes, révélant des modèles de marche similaires à ceux des rats intacts, avec une coordination motrice progressive et adaptative au fil du temps”, ont indiqué les scientifiques. 42 pour cent d’entre eux ont atteint la note de 17 sur 21 sur l’échelle de la réadaptation fonctionnelle.
"Cela signifie que le fonctionnement complexe requis pour la marche, à savoir la capacité de déplacement, la sensation dans les membres et le maintien de l’équilibre, a été rétabli”, expliquent les chercheurs. “L’implantation des cellules souches a conduit à une reconstruction progressive de la moelle épinière sectionnée et à la reformation des fibres et des cellules nerveuses.
Les rats ont retrouvé le contrôle de la motricité fine, la coordination et la marche, en contraste frappant avec le groupe non traité qui est resté paralysé, et ont recommencé à marcher normalement, même sans entraînement ni rééducation”.
En outre, 75 pour cent des rats traités ont montré une amélioration significative des réponses sensorielles aux stimuli externes près de deux mois après l’implantation, contrairement à ceux des trois autres groupes.
Selon les chercheurs, la voie vers les expériences cliniques sur des humains sera encore longue. Cependant, ils sont convaincus que la nouvelle méthode pourra dans l’avenir, changer la vie de millions de personnes : “Ce n’est pas encore une percée médicale, mais c’est certainement une percée dans la recherche.
On a déjà tenté au fil des ans de réparer les lésions de la colonne vertébrale, mais les études sur l’implantation de cellules ne sont pas nombreuses, et l’introduction de la construction d’un tissu organique en 3D pour développer les cellules souche dans ce but est complètement nouvelle”.
Ont également participé à l’étude le Dr. Nachshon Knoller, directeur de la chirurgie rachidienne au Centre médical Sheba Tel Hashomer et les doctorants Javier Ganz (Université de Tel-Aviv) et Erez Shor (Technion) qui ont effectués les recherches en laboratoire. ...
La recherche a été publiée le 31 octobre 2017 dans la revue “Frontiers in Neuroscience”
Voici le lien pour lire cette étude dans la revue Frontiers in Neuroscience :
https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnins.2017.00589/fullSource :
http://siliconwadi.fr/21723/paralysie-percee-dans-la-recherche-a-luniversite-de-tel-aviv