LA VIE QUOTIDIENNE > Exprimez-vous !

CONJOINTS ET CONJOINTES D'HANDICAPES

<< < (11/13) > >>

Anna:
Si, merci pour ton intervention que je me permets de commenter : tu as eu une très belle relation avec un homme para, et c'est certainement quelque chose qui restera pour vous deux un très beau souvenir ... Mais il y a une différence avec ce que je décris, moi (et parlant au nom de plusieurs jeunes femmes que j'ai rencontrées et qui sont aussi dans mon cas) : ton ami, tu l'as connu para . Tu ne l'as pas aimé valide, tu n'as pas eu à faire le deuil d'une relation qui a changé du tout au tout. Ce que je veux dire, c'est qu'en t'engageant avec lui tu le faisais en connaissance de cause. Nous qui avions engagé ces relations avant les accidents, nous nous retrouvons projetés dans un autre monde sans préparation aucune (la plupart du temps les paraplegies sont la consequence de qqchose de brutal et d'inattendu) et devons improviser un nouveau mode de vie - et cela, parfois, ne marche pas ... Nous ne sommes que des humains, ps des machines à bien faire les choses, encore moins des machines à rester amoureuses d'une personne qui n'est plus la même.

Sylvia, je te vois bondir et tu sais quoi, moi aussi il y a 4 ans j'aurais bondi : parce que je te jure (le blog que j'avais tenu à l'epoque en était témoin) que j'y croyais à 1000%, à l'avenir de mon couple, au début : on allait se battre, on allait montrer à tous que c'etait possible de continuer, malgré le handicap, j'etais pleine d'energie et de confiance ... et puis peu à peu je me suis rendu compte que je me battais toute seule ; que lui restait dans le passé, dans tout ce qu'il avait perdu, tandis que je tentais de nous imaginer un futur. Quand j'ai réalisé que je le faisais seule, j'ai lâché prise. Toute seule, ce n'est pas possible. Alors j'ai continué ce que j'appelle maintenant mon job - pour ne pas dire mon devoir puisqu'en effet, c'est un terme très dur, pourtant peu éloigné de ce que je ressens - et je vis au jour le jour, en ne me posant aucune question sur le futur : mes filles m'aident à trouver encore la vie belle, mais ma vie de couple, elle, est morte. Mon mari est comme mon 4eme enfant et c'est à ce titre que je l'aide - et que je l'aime toujours aussi ! mais comme un de mes enfants ... Et qui prétendra qu'une femme n'a besoin que de ses enfants pour s'épanouir ??

si:
Bonjour,
J’interviens. Je ne suis pas conjointe d’un homme handicapé, j’espère que ma vision vous donnera un autre point de vue que celui d’Anna.
J’ai eu une relation, de mon côté, très intense avec un homme para. Il y a presque cinq ans. Je commence à faire mon deuil. Je peux aussi voir tout ce que cet homme m’a apporté. Il est vrai que ce ne c’est pas fait en un tour de cuillère à pot ni sans questions ;-)
Ce qu’il m’a apporté : plus de confiance en moi, plus d’estime de moi avec les effets positifs, je ne retourne plus l’agressivité à mon encontre. Je sais que je veux une relation de respect mutuel, basée sur la confiance…
Toutes les qualités qu’il avait, même s’il lui était très difficile de les exprimer.

Et tous ceux et celles qui ont des enfants, cela me semble une preuve d’amour, la preuve que quelque chose peut être construit à deux et que cette vie avec la personne aimée vaut le coup !

sylvia:
Difficile pour moi d'intervenir dans cette conversation vu que je ne suis pas "conjointe" mais "handicapée". N'empêche que quand même, Anna (je précise de suite que tu ne me choques pas) ta vision des choses est sans doute réaliste dans ton cas et peut-être aussi dans d'autres, n'empêche que je pense que l'amour peut beaucoup.
Je peux comprendre ce que tu dis, le désenchantement tue l'amour, oui mais dans un couple "normal", le désenchantement peut aussi disparaître et il arrive parfois aussi (heureusement) que l'amour traverse les épreuves les plus difficiles. Bien entendu, ce n'est pas toujours, ce n'est pas dans tous les cas. Mais parfois les épreuves cimentent l'amour.
Pourquoi l'amour pour un enfant, un parent serait inconditionnel et pas celui pour un mari, ou une épouse, ou celui qui accompagne notre vie ? Il est évident que l'amour peut s'enfuir (il s'enfuit d'ailleurs chez plein de couples "normaux" aussi) mais pour moi, il y aurait une chose pire que tout, c'est que mon mari resterait avec moi par "sens du devoir" ! C'est quelque chose que je ne pourrais pas tolérer, pas supporter. Je préfèrerais encore voir mon mari s'éloigner de moi et partir plutôt que de savoir qu'il reste avec moi par pitié, par sens du devoir (quel devoir ???). Aucun de nous n'a je pense le droit d'infliger à l'autre ce sacrifice ...
Je lis ta situation et effectivement, elle me semble très, très difficile. Je pense aussi que ce n'est pas le cas de tout le monde (heureusement, j'ai envie de dire).
Je me rends en tous cas compte que ce post est utile puisqu'il vous permet à vous conjoints et conjointes à exprimer votre détresse mais je suis bien certaine aussi que malgré les difficultés, il y a des conjoint(e)s heureux aussi. Non ?

Anna:
Marie-Noelle, je me permets de te répondre aussitôt car tu soulèves un point important dans le sujet de ce fil : l'amour !!
L'amour, oui ... mais il y a amour et amour : amour paternel/maternel (grand-paternel/maternel) ou filial, et amour conjugal ... et le distingo est immense !
L'amour pour un enfant, un petit-enfant, un frère ou un parent est immuable, inaltérable, car inconditionnel.
L'amour pour un conjoint ne l'est malheureusement pas : oui, je l'avoue et je l'assume, si on ne cesse jamais d'aimer son enfant on peut "dés-aimer" un conjoint, pour de multiples raisons - entre autres, la déception, la disparition de l'admiration, ou simplement le déséquilibre majeur qui s'instaure dans une relation jusque-là harmonieuse. Quand un échange est détruit, remplacé par un don à sens unique sans aucun retour, l'amour peut s'enfuir. Et ce n'est pas sans dégâts puisqu'alors la culpabilité prend sa place, parfois de façon démesurée ... culpabilité vis-à-vis du conjoint que l'on souffre de ne plus aimer, vis-à-vis de l'entourage qui ne comprend pas notre "manque d'abnégation" (sans se demander si,lui, en ferait preuve davantage) et surtout vis-à-vis de soi-même ... ce qui est peut-être le pire et le plus insoluble.
Avoir le sens du devoir, sans tomber dans le sacrifice de sa propre vie ... où est la frontière ? C'est là que se retrouvent parachutés, sans aide aucune, les conjoints de handicapés ; certains sont aidées par leurs conjoints, d'autres absolument pas (le cas le plus difficile étant celui, à mon sens, où le conjoint n'a pas conscience de tout ce que son état implique : traumatisé crânien par exemple (mon cas ..)) : alors, avancer, oui - de toute façon on n'a pas le choix, c'est Marche ou crève. Mais qu'il est difficile de se dire qu'on ne voit pas le bout d'un tunnel dans lequel on n'a pas demandé à entrer !
J'ai conscience de choquer, peut-être, sans doute, mais je m'en fiche : ma vie est devenue suffisamment dure pour que je me soucie de ce qu'en penseront les gens. Pour le moment, j'assume, je suis toujours auprès de mon mari, et à la maison on continue à rire et à chanter (mes 3 filles sont dans le même état d'esprit que moi) - mais quand je me retrouverai en tête-à-tête avec lui, quand elles auront quitté la maison, que sera ma vie ? Aide-soignante, femme de ménage, soutien psychologique et responsable d'une maison et d'un foyer à 100% sans aucun retour ? Je ne fais pas de plan sur la comète, mais je pense que je m'y refuserai ...
 
 

marienoelle26:
Bonjour,
Oui la vie des conjoint(e)s  est certes difficile.
La  vie des parents d'enfants para ou tétra est également triste et difficile.
Grand mère d'Andréa ,tétra depuis 5 ans (elle avait 3 ans à l'époque) il a fallu faire le deuil de cette petite fille qui courait partout,et accueillir cette nouvelle petite fille qui roule partout.
La vie des parents a basculé, l'amour pour son enfant est infini mais l'angoisse et la peur de son avenir sont présentes en permanence:
Bien que travaillant bien à l'école qui donnera un emploi a une personne tétraplégique sous respirateur donc un avenir professionnel réduit à néant.
Au moment de l'adolescence ,comment vivra-t-elle ses pemiers émois amoureux ? aura-t-elle la chance d'avoir un amoureux ? Etc....etc.....
TANT DE QUESTIONS!!!!!!
Les projets des parents (faut-il un autre enfant ou non ?) changement d'emploi pour être disponible , solidité du couple...
Rien n'est facile.
Il y a effectivement que l'amour qui permet de faire face et d'accompagner .
 
 
 
 
 

Navigation

[0] Index des messages

[#] Page suivante

[*] Page précédente

Utiliser la version classique