Une substance conçue pour être implantée dans la moelle épinière devrait permettre de rétablir la connexion entre le cerveau et les membres inertes.
C’est une bonne nouvelle pour les victimes de lésions de la moelle épinière, même s’il convient de rester prudent tant que la preuve de son intérêt n’est pas totalement apportée : des chercheurs ont mis au point une substance capable de rétablir la connexion entre le cerveau et des membres paralysés à la suite d’un accident. Le Neurogel, conçu pour être implanté dans la moelle épinière de patients ayant subi une telle lésion, leur redonnerait la possibilité de se mouvoir de nouveau, totalement ou en partie, et de se servir de leurs bras.
La France compte environ 65 000 blessés médullaires, à la suite d’un traumatisme (lié à un accident de la route ou à la pratique d’un sport). Chaque année, ce nombre s’accroît de 1 500 à 2 000 nouveaux cas, les hommes étant trois fois plus touchés que les femmes. En grande majorité, ils sont âgés de 20 à 30 ans. Ces chiffres sont fournis par l’association Neurogel en marche, dont l’objectif est la mise en oeuvre de l’essai clinique de ce dispositif médical afin d’obtenir son accréditation CE, ce qui constitue l’ultime étape pour donner aux patients la chance d’en bénéficier.
« Le projet scientifique de l’hydrogel Neurogel consiste à résoudre la problématique de la repousse des fibres nerveuses à la suite d’une lésion de la moelle épinière pour laquelle les traitements sont inexistants », précise le communiqué. Ce produit, de plus en plus souvent considéré comme une innovation majeure au sein de la communauté de scientifiques, est également encouragé par l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.
Un traitement sans phénomène de rejet
Selon l’association qui le promeut, le Neurogel est une « matrice viscoélastique, biocompatible, non dégradable et non toxique, dont la structure poreuse rappelle celle du cerveau embryonnaire ». « Une fois implanté au niveau d’une lésion aiguë ou chronique de la moelle épinière, l’hydrogel remplace de façon permanente les cavités créées par la lésion ou l’ablation chirurgicale de la cicatrice gliale (qui se forme après le traumatisme). Ce support favorise la migration des cellules et la régénérescence des vaisseaux sanguins et des fibres nerveuses endommagés, sans phénomène de rejet. »
On comprend, dans ces conditions, la mobilisation de Neurogel en marche, qui détient la propriété intellectuelle du brevet dans trois pays (France, Canada et États-Unis). Un programme d’études précliniques réglementaires a été réalisé avec succès et un protocole d’essai clinique est actuellement en préparation. L’association, qui coordonne les équipes scientifiques jusqu’au démarrage de l’essai clinique, doit désormais trouver des professionnels de la santé dont le coeur de métier est la mise en oeuvre et le suivi d’essais cliniques en s’appuyant soit sur un promoteur institutionnel, soit sur un organisme de recherche sous contrat.
En début d’année, l’académie de médecine s’était mobilisée sur ce thème. Elle regrettait une prise en charge très inégale de ces patients dans notre pays. Elle déplorait surtout l’absence de centres référents, capables d’accueillir ces blessés 24 heures sur 24, dans tous les CHU des principales villes de France. Reste que, si les promesses du Neurogel sont tenues, l’avenir des personnes victimes d’un tel accident pourrait s’éclaircir.
Source : Le Point.fr – Publié le 02/09/2013 à 18:24