Grégoire Courtine à Dijon pour la Nuit des Chercheurs : « On travaille pour rechercher l’inconnu »
Le neuroscientifique côte-d’orien Grégoire Courtine, connu pour ses travaux sur les lésions de la moelle épinière, animera deux conférences ce vendredi à Dijon, à l’occasion de l’édition 2019 de la Nuit européenne des Chercheurs.
Installé à Lausanne, en Suisse, depuis plusieurs années, le Dijonnais Grégoire Courtine et son équipe sont parvenus à redonner espoir à des millions de personnes atteintes de lésions de la moelle épinière, en réussissant à faire remarcher des patients grâce à des stimulations électriques. Des travaux qui lui valent aujourd’hui la reconnaissance de la communauté scientifique et qu’il viendra présenter ce vendredi soir, sur le campus de l’université de Dijon, à l’occasion de la Nuit européenne des chercheurs.
– En 2018, vous expliquiez que la prochaine étape était de passer d’un statut d’étude à celui de traitement, à la disposition des hôpitaux et des cliniques. Où en êtes-vous ?
« Il y a, d’un côté, la start-up GTXmedical, que nous avons confondée avec Jocelyne Bloch. Elle se développe bien, puisque nous comptons actuellement 70 employés. Nous sommes implantés à Lausanne, mais aussi à Eindhoven, aux Pays-Bas, sur le site de Philipps, où nous développons la technologie qui sera ensuite utilisée de manière clinique. Avec des tests cliniques qui, nous l’espérons, seront possibles d’ici un à deux ans. Et parallèlement, il y a l’aspect académique. Je travaille en laboratoire avec une équipe d’une cinquantaine de personnes, entre l’hôpital, au service en neurochirurgie et l’école polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), où je suis professeur. Concernant les tests, nous avions trois patients l’an dernier. Nous en comptons désormais sept, qui montrent les mêmes résultats que les précédents. On constate que la moelle épinière répond de manière systématique. Quant au déploiement de cette technologie vers le grand public, il ne faut pas l’attendre avant au moins quatre ans. »
– À l’occasion de la nuit des chercheurs, vous évoquerez votre parcours. Que diriez-vous à un jeune qui s’interroge, aujourd’hui, dans un pays où les métiers scientifiques ne sont pas forcément les plus attractifs ?
« D’abord, je lui dirais que c’est un métier exaltant. On travaille pour rechercher l’inconnu. Et lorsqu’on obtient des résultats, après plusieurs années de travail, on éprouve des émotions très fortes en tant que scientifiques. Même si elles sont dures à acquérir, c’est une récompense extraordinaire. C’est pourquoi il s’agit avant tout d’un métier passion et non d’un métier alimentaire. Ensuite, le monde va beaucoup changer dans les vingt ou trente prochaines années. L’intelligence artificielle va envahir notre société. Et le travail des scientifiques et des ingénieurs ne sera jamais remplacé par des machines. Ce sont donc des métiers d’avenir. »
– Aujourd’hui, avez-vous le sentiment que les scientifiques français disposent des moyens pour rivaliser sur le plan international ?
« La France a quand même bien évolué au cours des dernières années, de façon positive. Mais il demeure que dans notre pays, les scientifiques ne sont pas extrêmement valorisés. Quand on est chercheur à l’Inserm ou au CNRS, on a des salaires qui sont assez bas. Et le système est hyperhiérarchique. Avec une organisation verticale qui n’est, à mon sens, pas compatible avec le monde de fonctionnement des scientifiques. À titre d’exemple, aux États-Unis, très tôt, on vous donne votre indépendance. On fait un pari, très risqué. On vous donne cinq ans pour mener à bien vos recherches. Si cela ne marche pas, tout s’arrête. Tandis qu’en France, on peut rester chercheur à l’Inserm toute sa vie. Mais on a tendance à prendre moins de risques. Avec un système qui récompense moins le travail fourni. Et je pense que tout ceci n’est pas très bon pour favoriser la recherche de haut niveau. »
Source :
https://www.bienpublic.com/edition-dijon-ville/2019/09/25/gregoire-courtine-en-france-les-scientifiques-ne-sont-extremement-valorises
À l’heure actuelle, les patients atteints de paralysie des membres inférieurs causée par des lésions traumatiques de la moelle épinière ont des options limitées en termes de récupération substantielle fonctionnelle. Le système Go-2 vise à changer cela pour les patients avec un nombre suffisant de fibres nerveuses spinales restantes. L’appareil donne des impulsions électriques aux fibres nerveuses restantes qui imitent les impulsions motrices qui se produisent pendant la marche.Ces impulsions sont synchronisées avec les mouvements que le patient effectue en temps réel et, en effet, l’appareil entraîne le cerveau à utiliser les fibres nerveuses restantes pour aider à la marche. Lorsqu’il est utilisé au fil du temps, le dispositif permet un recâblage neuronal qui peut entraîner des améliorations à long terme de la mobilité des patients.
GTX a également développé un système portable non invasif appelé LIFT pour les patients atteints de paralysie des membres supérieurs après une lésion de la moelle épinière. L’appareil LIFT a reçu la désignation de dispositif révolutionnaire de la FDA
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