Du fauteuil roulant au tapis roulant

[label type= »info »]Le 08/09/2013[/label]

(Québec) Des recherches menées au Québec déboucheront sur une première mondiale. Après des années de travaux, Pierre Guertin, chercheur au CHUL, est persuadé de pouvoir faire marcher, durant de courtes périodes, des paraplégiques dont la moelle épinière a été complètement sectionnée.

Le traitement du Dr Pierre Guertin, du Centre de recherche du CHUL, permettrait à des paraplégiques dont la moelle épinière a été complètement sectionnée de retrouver l’usage de leurs jambes pendant environ 45 minutes Smile

Le traitement du Dr Pierre Guertin, du Centre... (Photo Le Soleil, Patrice Laroche) - image 1.0

Après avoir testé une centaine de molécules différentes, le professeur Guertin a conçu une trithérapie. Les trois médicaments pris ensemble ont le même effet sur le système nerveux que le signal envoyé normalement, du cerveau par la moelle épinière pour faire fonctionner les jambes. Les essais effectués sur des souris ont montré l’efficacité du traitement.

 Les premiers essais sur des humains débuteront au cours des prochaines semaines à l’Hôpital général de Montréal. Cet établissement fait partie du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Ces travaux s’étaleront sur un an environ. Santé Canada, l’armée américaine qui a commandité une partie des recherches et le CUSM ont approuvé l’étude clinique.

Par la suite, si les résultats sont concluants, une deuxième étude sera entreprise avec plus de paraplégiques (paralysie des jambes) et de tétraplégiques (paralysie des jambes et des bras) au Canada et aux États-Unis. Étant donné que les médicaments n’ont pas toujours le même effet dans tous les pays, une dernière étude avec des cobayes d’autres continents est prévue. Le Dr Guertin a bon espoir que la trithérapie sera mise en marché en 2017.

Même si le traitement ne permet pas de guérir une moelle épinière sectionnée, le scientifique voit des avantages importants pour les personnes clouées dans un fauteuil roulant ou dans un lit à la suite d’un accident de la route, de travail, d’une chute ou d’une blessure grave en pratiquant un sport.

Améliorer l’état de santé :

Avec le traitement, même s’il n’est efficace que pendant 45 minutes, le chercheur est d’avis que la possibilité de marcher sur un tapis roulant avec un harnais trois fois par semaine améliorera l’état de santé des personnes paralysées des jambes et leur résistance aux maladies.

En raison de leur inactivité physique, ces personnes ont souvent des problèmes de santé. On parle de maladies cardiovasculaires, de plaies de lit, de diabète de type 2, d’ostéoporose et de fractures, d’anémie, de problèmes hormonaux, de risques plus élevés d’infections, d’un système immunitaire affaibli et de dépression. Ces problèmes de santé peuvent conduire à un décès prématuré comme ce fut le cas pour l’acteur Christopher Reeve, qui a été emporté par une infection. Celui qui a incarné Superman au grand écran est devenu tétraplégique en 1995 des suites d’une chute de cheval. Il est décédé en 2004.

En plus d’améliorer l’état de santé général des paraplégiques, M. Guertin souligne que le traitement appelé Spinalon permettra des économies appréciables dans les coûts de santé. Sur une vingtaine d’années, on parle de plusieurs milliards de dollars aux États-Unis.

Depuis le début des travaux sur le traitement en 2004, les recherches ont coûté 4,5 millions $. D’ici à la commercialisation de la trithérapie, le Dr Guertin prévoit que des fonds supplémentaires de 75 millions $ seront nécessaires. À terme, il mise sur les contributions d’une compagnie pharmaceutique. Jusqu’à maintenant, il a pu faire avancer ses recherches sans la pression de compagnies pharmaceutiques.

Les principaux bailleurs de fonds de M. Guertin ont été la Fondation Christopher et Dana Reeve, le département américain de la Défense, l’Institut national de la santé des États-Unis, la Fondation internationale de recherche sur la paraplégie, les Instituts de recherche en santé du Canada, la Fondation André-Sénécal pour la recherche sur la moelle épinière et le Fonds de la recherche en santé du Québec. Les fonds canadiens pour l’innovation ont contribué pour l’achat d’équipements.