La start-up G-Therapeutics, fondée par le professeur de l’EPFL Grégoire Courtine, vient de lever 36 millions d’euros auprès de fonds hollandais, faute d’avoir trouvé du financement en Suisse. Ce cas n’est pas unique !
La Suisse laisserait-elle partir ses start-up les plus prometteuses ? Il y a des précédents. A l’exemple de Biocartis qui a développé une plateforme de diagnostic moléculaire. Rudi Pauwels, fondateur de l’entreprise, était venu à l’EPFL en 2009, deux ans après la création de sa société pour finaliser son projet.
Mais le soutien offert par le gouvernement belge avait convaincu l’entrepreneur de quitter la Suisse. Depuis, l’entreprise cotée à la Bourse de Bruxelles, emploie 200 personnes. Désormais, des sociétés comme Xeltis à Zurich ou G-Therapeutics à Lausanne semblent suivre la même trajectoire.
G-Therapeutics a développé une nouvelle approche pour traiter les personnes paraplégiques. Son fondateur, le professeur de l’EPFL Grégoire Courtine, est considéré comme un chercheur incontournable dans le domaine de la neuroréhabilitation, connu pour ses publications dans des revues, telles Science ou Nature Medecine.
Il a fait la une du New York Times pour avoir démontré la possibilité de restaurer les fonctions motrices d’un rat paraplégique. Très médiatisé, il n’a pourtant pas trouvé de capitaux en Suisse pour financer son entreprise. En revanche, il vient de lever un montant record pour un premier tour de financement de 36 millions d’euros (39 millions de francs), somme qui comprend un prêt à l’innovation de 10 millions d’euros, obtenu auprès du gouvernement néerlandais.
«J’ai pourtant rencontré plusieurs fondations et sociétés de capital-risque helvétiques», explique Grégoire Courtine qui a développé un protocole à base de stimulation pharmacologique, électrique et d’entraînement assisté de robot dans le but de faire remarcher des personnes atteintes d’une lésion de la moelle épinière.
En 2014, même les fonds européens obtenus pour financer la chaire IRP en réparation de la moelle épinière à l’EPFL se tarissent. Une dizaine de professeurs et post-doc doivent alors quitter le groupe. «Je pensais pourtant que l’on croyait en nous», dit Grégoire Courtine qui a cédé les commandes de son entreprise à Vincent Delattre, directeur opérationnel, et à Sjaak Deckers, directeur général de G-Therapeutics.
En charge des nouvelles entreprises créées chez Philips et fondateur d’une start-up (Sapiens) spécialisée dans la stimulation cérébrale profonde et revendue pour 200 millions d’euros à Medtronic, Sjaak Deckers actionne son réseau.
Et très rapidement, il trouve les premiers fonds nécessaires pour aller de l’avant. Ceux qu’il n’avait pas trouvés en Suisse. La caisse de pension néerlandaise Inkef Capital figure parmi les principaux investisseurs de G-Therapeutics. Les fonds de capital-risque LSP et Wellington Partners participent également à l’opération.

[label type= »info »]Vendre depuis les Pays-Bas[/label]
G-Therapeutics, dont le siège est toujours à Lausanne, possède un contrat de licence exclusive sur la propriété intellectuelle. Celle-ci appartient à l’EPFL. Quand les essais cliniques sur l’humain seront terminés, le développement commercial se fera certainement depuis les Pays-Bas ou les Etats-Unis.
Une dizaine de personnes seront d’ailleurs prochainement engagées à Eindhoven.
Tous les aspects cliniques et régulatoires seront toutefois maintenus en Suisse. Et ils devraient y rester, tout comme les six ou sept postes de travail. En outre, nous réalisons des développements avec l’assureur la SUVA, tempère Grégoire Courtine.
La recherche a été faite à l’EPFL. Le développement industriel d’un système d’implant pour des études cliniques et une importante utilisation commerciale nécessite toutefois une expertise et des compétences complètement différentes que l’on trouve aux Pays-Bas», estime pour sa part Sjaak Deckers. «Faire de la recherche en Suisse, c’est une chose qui fonctionne. Mais mettre sur le marché des technologies, c’est autre chose. Il faut en être conscient. La Suisse n’a pas l’écosystème pour le faire et elle pâtit du manque de financement. Je regrette que les caisses de pensions ne s’impliquent pas davantage dans l’innovation», ajoute Grégoire Courtine.
Le cas de G-Therapeutics n’est pas isolé. A Zurich, Xeltis a traversé une situation similaire. Cette spin-off de l’Université de Zurich, qui développe des valves pulmonaires bioabsorbables, a obtenu un financement de 30 millions de francs, notamment auprès du fonds hollandais Life Sciences Partners.
En Suisse, il y a une volonté d’encourager l’innovation, ce qui est positif. C’est par contre plus compliqué de trouver des fonds importants qui prennent le relais. En Hollande, les caisses de pension sont plus actives et le gouvernement effectue des prêts privilégiés aux sociétés innovantes. Les mécanismes de financement pour les start-up sont beaucoup plus puissants», estime Laurent Grandidier, directeur de Xeltis.
Cette start-up qui possède toujours sa maison-mère à Zurich, avec six personnes, a fait le choix d’ouvrir un centre de recherche et de production à Eindhoven, où sont déjà actifs 30 collaborateurs.
Le coût du travail et la cherté du franc suisse ont aussi pesé dans cette décision de nous développer en Hollande, précise Laurent Grandidier.
[label type= »info »]L’espoir des personnes handicapées[/label]
La start-up G-Therapeutics mènera prochainement des essais cliniques au Centre hospitaliser universitaire vaudois (CHUV) à Lausanne, en vue d’obtenir le marquage CE, l’autorisation des autorités européennes nécessaire à la commercialisation de la technologie.
D’ici environ quatre ans, G-Therapeutics espère vendre un neurostimulateur qui sera implanté dans la moelle épinière et qui enverra des impulsions électriques modulant les circuits neuronaux qui activent les muscles et les bras.
Grâce à cette approche mêlant stimuli électrique et réhabilitation physique, G-Therapeutics aimerait faire repousser les fibres nerveuses résiduelles après des lésions de la moelle épinière. Actuellement, les chercheurs sont parvenus à faire remarcher des rats et les tests sur les singes sont prometteurs.
Chez l’homme un premier patient qui avait déjà un stimulateur implanté sur la moelle épinière pour soigner des douleurs chroniques a participé à des tests préliminaires.
Des effets sur le recouvrement des mouvements ont été observés. «Notre but est d’améliorer la qualité de vie des personnes handicapées en améliorant leurs capacités motrices», précise Grégoire Courtine, professeur à l’EFPL et co-fondateur de G-Therapeutics.
Source : http://www.letemps.ch/economie/2016/04/19/pays-bas-convoitent-start-up-suisses
[label type= »info »]Et plus encore [/label]

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Gimv annonce investir six millions d’euros dans G-Therapeutics dans le cadre d’un tour de table de série A de 26 millions, mené par un syndicat regroupant Gimv, Wellington Partners, LSP, Inkef Capital, ainsi que les fondateurs et le management de la société.
La société d’investissement belge explique que ce financement sera utilisé pour financer les essais cliniques de G-Therapeutics jusqu’à l’obtention de la marque CE (Union Européenne) et de l’approbation IDE (États-Unis).
G-Therapeutics développe un neurostimulateur implantable pour des patients souffrant de lésions médullaires incomplètes. Ce dispositif favorise le rétablissement de la fonction motrice pour améliorer et accélérer la réadaptation en stimulant la moelle épinière.
Fondée en 2014, G-Therapeutics un spin-off du Centre de Neuroprothèses de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EFPL – Suisse), où son centre clinique est également basé. Le développement technologique est réalisé à Eindhoven (Pays-Bas).
Source : https://www.abcbourse.com/marches/gimv-investit-dans-g-therapeutics_357566_GIMBg.aspx