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TITRE : Avec la première lignée de cellules souches embryonnaires importée, le Dr Marc Peschanski veut créer des banques cellulaires pour la maladie de Huntington (Par Luu-Ly DO QUANG) PARIS, 21 février (APM) - La première lignée de cellules souches embryonnaires importée en France doit servir à constituer des banques cellulaires, qui pourraient être utilisées notamment dans le traitement de la maladie de Huntington, explique à l'APM le Dr Marc Peschanski de l'Inserm. Les ministres de la Santé et de la Recherche ont signé la semaine dernière la première autorisation d'importation de cellules souches en France pour l'équipe de Marc Peschanski (cf dépêche APM du 17 février). Installé désormais à Evry pour diriger le centre d'études des cellules souches (Inserm, Association française contre les myopathies AFM/Généthon), le Dr Peschanski poursuit ses travaux sur la thérapie cellulaire dans la maladie de Huntington. La lignée de cellules souches embryonnaires, importée de Suède, doit servir à constituer des banques cellulaires afin de "se débarrasser d'un problème logistique", indique-t-il. En effet, les cellules qu'utilise actuellement l'équipe du Dr Peschanski sont des neurones foetaux, ce qui pose à la fois des difficultés de prélèvement, de préparation tissulaire et d'amplification, explique le chercheur. La greffe de neurones foetaux mobilise six équipes multidisciplinaires, "une dépense d'énergie et de moyens". La lignée cellulaire importée permettra de "mettre en contact direct la banque de cellules et le neurochirurgien". Cette stratégie thérapeutique, qui reste encore au stade de l'évaluation clinique, risque d'être "inexploitable" car le prélèvement de neurones foetaux n'est pas adapté pour une application à des milliers de patients, ajoute le Dr Peschanski. L'objectif est de vérifier que les cellules souches embryonnaires vont pouvoir remplacer les neurones foetaux chez les patients atteints de la maladie de Huntington. Pour cela, il faut, d'une part, confirmer que la greffe de neurones foetaux est un traitement applicable de la maladie de Huntington et, d'autre part, obtenir des dérivés des cellules souches embryonnaires qui possèdent les mêmes propriétés fonctionnelles que les neurones foetaux. Le chercheur rappelle qu'une étude pilote a fait la preuve du principe, malgré des résultats hétérogènes, et qu'un essai multicentrique contrôlé européen de phase II est en cours avec une vingtaine de patients aujourd'hui greffés. Les premiers résultats ne sont pas prévus avant deux ans et une soixantaine de patients doivent être inclus en tout sur cinq ans, ajoute-t-il. Le Dr Peschanski espère que les cellules souches embryonnaires permettront d'atteindre au moins les mêmes résultats que ceux obtenus avec les neurones foetaux. Avant, il faut donc "essayer de reproduire la recette de la nature pour avoir des neurones striataux" puis vérifier que les dérivés de cellules souches seront fonctionnels chez l'animal. Si les résultats sont satisfaisants, il faudra réaliser une nouvelle étude clinique pilote. Le chercheur s'est fixé comme objectif un premier passage à l'homme "avant cinq ans". Il signale également qu'il compte déposer cette semaine une deuxième demande d'importation de cellules souches, mais pas pour une utilisation thérapeutique. Il s'agirait de mettre au point un système d'analyse de maladies génétiques avec des lignées de cellules souches issues d'embryons porteurs de maladies monogéniques comme la myopathie de Duchenne ou la maladie de Steinert. Le système servira à mieux connaître les mécanismes des maladies et à tester des traitements pharmacologiques. Ce travail s'inscrit dans la mise en place de l'Institut des cellules souches pour le traitement et l'étude des maladies monogéniques (I-Stem), à la suite du Centre d'étude des cellules souches que dirige à présent le Dr Peschanski. "Nous avons deux ans pour valider les concepts de base de l'institut et démontrer son intérêt", explique-t-il. L'objectif de l'AFM, en partenariat avec l'Inserm, avec cet institut est de "doubler le potentiel de recherche sur les cellules souches thérapeutiques". UN RETARD LIE A DES LOURDEURS ADMINISTRATIVES La France a pris du retard dans la recherche internationale sur les cellules souches embryonnaires avec les délais dans la révision de la loi bioéthique, rappelle le Dr Peschanski. Alors qu'en 2000, "des équipes françaises rapportaient quatre réussites en thérapies cellulaire et génique, cela fait cinq ans qu'elles attendent de pouvoir travailler", déplore le chercheur. Les autorisations d'importation de cellules souches vont permettre aux équipes françaises d'"au moins participer au développement de ces techniques". Mais le Dr Peschanski est le seul pour le moment à avoir eu un avis favorable du comité ad hoc, mis en place dans l'attente de la création de l'Agence de biomédecine, alors qu'au moins une quinzaine de demandes ont été déposées. Il pense avoir été le premier à obtenir l'autorisation d'importation car il n'a demandé "qu'une seule lignée cellulaire pour une application sur des travaux déjà en cours". Il déplore le retard pris dans l'application de la nouvelle loi de bioéthique votée en août dernier en raison notamment des lourdeurs administratives. Il affirme notamment que l'autorisation d'importation avait d'abord été délivrée fin décembre puis suspendue dans l'attente que l'Inserm et le Généthon passe une convention. Le chercheur évoque également le cas de Michel Pucéat (CNRS à Montpellier) qu'il qualifie comme un spécialiste de renommée internationale. "Il n'a toujours pas d'autorisation alors qu'il a demandé 6 ou 7 lignées cellulaires différentes pour pouvoir mener ses projets. On lui a demandé de déposer un dossier groupé d'abord, puis il a fallu différencier les demandes", rapporte le Dr Peschanski. Il espère que l'Agence de biomédecine sera à présent rapidement mise en place, les décrets d'application étant, selon lui, soumis au conseil d'Etat depuis la semaine dernière. ld/co/APM polrech LDIBL002 21/02/2005 16:42 ACTU SNC