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Handicap : la solidarité nationale contestée

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Arnaud:


Récupérer les allocations versées aux personnes handicapées au lendemain de leur mort ! Comment imaginer qu'un élu de la République puisse faire une proposition aussi choquante et injurieuse à l'égard des citoyens les plus fragiles et à l'encontre des valeurs d'égalité et de solidarité ?

Pourtant, telle est la proposition du sénateur Philippe Adnot, présentée discrètement le 28 novembre dernier à l'occasion de la discussion budgétaire, et qui a suscité l'indignation de ceux qui défendent la dignité et l'intégration des personnes victimes d'un handicap.

Comment en est-on arrivé là ? Comment un élu d'une majorité présidentielle qui a placé le droit à la compensation du handicap parmi les « grands chantiers du quinquennat » peut-il proposer de mener la chasse aux handicapés disposant d'une « fortune personnelle », selon son expression ? Et justifier sa démarche par l'insuffisance des financements de l'Etat et la nécessaire maîtrise de la dépense publique locale ?


- Technique du ballon d'essai

La ficelle est un peu grosse et l'avenir de cette proposition est pour le moment en suspens. Mais la technique a déjà fait ses preuves, c'est celle du ballon d'essai. Car pourquoi pas demain placer l'assurance-maladie sous conditions de ressources et signer par là-même la faillite de notre sys- tème de solidarité ?

Il y a dans cette proposition une grave hypocrisie : celle de faire croire que l'on s'attaque aux injustices en « faisant payer les plus riches » alors que dans les faits on déconstruit un système de solidarité fondé sur un principe simple et partagé jusque-là par une grande majorité de Français : la proportionnalité de la cotisation et l'égalité de l'allocation. Ainsi le champ de la solidarité serait grand ouvert aux compagnies d'assurance, par exemple, qui en rêvent depuis de nombreuses années.

On pourrait voir dans cette affaire les errements d'un franc-tireur. Malheureusement, cet amendement « récupération sur succession » est symptomatique du déni de république qui atteint, sous l'emprise de la rupture sarkozyste probablement, la majorité au pouvoir. Symptomatique également de la confusion des esprits. Car, d'une certaine manière, cette proposition est en adéquation avec l'idéal démocratique que nous proposent les adeptes des discriminations positives et des quotas d'immigrés, les promoteurs de l'apprentissage junior, du contrat première embauche ou du lycée de l'excellence.


- La devise de la République

Dans un contexte de libéra- lisation totale, l'urgence semble d'accompagner le mouvement, d'anticiper les besoins du marché, de sélectionner des élites et de laisser à leurs condi- tions les plus fragiles et les plus faibles. Car le marché n'a qu'un mot d'ordre : la rentabilité. Pourra-t-on demain encore afficher au fronton des écoles la devise de la République si ses élus n'en respectent plus les principes ? La proposition du sénateur Philippe Adnot est une forme de programme subliminal et un avant-goût du programme libéral pour les prochaines années.

C'est dire si l'urgence pour la gauche est aujourd'hui de construire une alternative sérieuse et crédible à ce formidable retour en arrière.

http://www.lesechos.fr/info/rew_france/4421009.htm

 :smiley:

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