Une jeune tétraplégique décroche le bac
Paralysée des jambes et des mains, suite à un accident survenu il y a quatre ans, Charlotte Thaiaw, 19 ans, vient de décrocher son bac ES. Elle se bat désormais pour poursuivre des études de droit-économie-gestion à l’université de Nouville.
Equipée de gants en cuir dans lesquels elle a glissé un stylo, Charlotte Thaiaw tape avec enthousiasme le mot bac. Trois lettres auxquelles elle a encore du mal à croire, même un mois après les résultats : « Je suis allée passer les épreuves sans trop me faire d’illusions, car mes notes du deuxième et du troisième trimestre n’étaient pas terribles. »
Il faut reconnaître qu’il est long, le chemin parcouru par ce petit bout de femme depuis le terrible accident qui a chamboulé sa vie, un sombre jour de septembre, il y a quatre ans. A cette époque, Charlotte est en classe de troisième à Lifou et vit aux côtés de ses grands-parents. En vacances au Mont-Dore chez des cousins, elle saute d’un pont, mais l’eau n’est malheureusement pas assez profonde. L’adolescente se brise deux cervicales. La moelle épinière est touchée.
Huit mois de rééducation à Sydney
Le verdict des médecins est sans appel : Charlotte ne pourra jamais remarcher et ses bras, pour l’instant, sont paralysés. Pendant huit mois, la jeune fille suit des séances de rééducation intensives à Sydney, puis, pendant encore six semaines, à l’hôpital de Nouméa.
Malgré ses 15 ans, elle accepte son sort avec fatalisme, sans se morfondre ni se plaindre. « Le plus dur, ce n’était pas la maladie. C’était d’être éloignée de ma famille et de mes copains. J’étais effrayée à l’idée d’aller dans un collège où je ne connaissais personne. »
Faute d’équipement adapté à son handicap, Charlotte quitte en effet Lifou pour s’installer chez sa mère, à Nouméa. Après avoir manqué l’école pendant près d’un an, elle ressort ses cahiers et reprend l’année scolaire en cours de route dans une troisième du collège de Koutio.
Mais c’est réellement en seconde que l’adolescente se replonge dans les études. Grâce à Chounette, une auxiliaire de vie chargée de lui prendre les notes pendant les cours, Charlotte peut suivre le prof au même rythme que les autres élèves. « Quand l’emploi du temps dépassait les 35 heures, mes copines de classe prenaient les notes à la place de Chounette. J’ai eu énormément de chance d’avoir des amies comme ça. Sans elles, je ne sais pas si je m’en serais sortie. »
Les épreuves sur ordinateur
Le soutien des amies, mais aussi une force de vie exemplaire. Déterminée à suivre sa scolarité comme tout le monde, la lycéenne se lève tous les matins à 5 heures pour ne pas rater son unique moyen de locomotion, le handicar.
En période de panne, il lui arrive de manquer l’école pendant une semaine. Là encore, l’aide de Chounette et des copines et le soutien de l’infirmière à domicile lui sont extrêmement précieux. « Pendant la préparation du bac, je suis restée chez moi à réviser. Le plus difficile, c’était de se motiver quand il n’y avait personne à la maison. »
Novembre 2005, l’heure du bac a sonné. Dans une salle d’examen du lycée Lapérouse, Charlotte participe aux épreuves grâce à un ordinateur portable. Le règlement lui autorise un tiers de temps supplémentaire par rapport aux autres élèves.
Une fois l’épreuve terminée, un professeur se charge de recopier sa copie en version manuscrite, de manière à éviter les traitements de faveur à la correction. « Quand j’ai su que je passais au rattrapage, je me suis dit que j’avais une chance de l’avoir. D’autant qu’il s’agissait d’une épreuve orale, beaucoup plus facile pour moi. »
Ses espoirs se concrétisent : elle décroche son bac ES et peut enfin tourner la page du lycée. Un nouveau chapitre s’ouvre aujourd’hui avec la rentrée prochaine à l’université. Mais faute de moyen de locomotion, l’étudiante ne sait pas, pour l’instant, si elle pourra continuer ses études.
http://www.info.lnc.nc/noumea/20060119.LNC8127.html :D
