Une nouvelle thérapie pour lutter contre l’incontinence anale
Des chercheurs français ont testé, avec succès, une thérapie cellulaire restaurant la capacité des sphincters à se contracter en cas d’incontinence anale. Évalué dans le cadre d’un essai clinique, ce traitement innovant a permis de la diminuer pour près de 60 % des patients.
Symptôme tabou, source de honte, obstacle à une vie en société et gêne du quotidien. L’incontinence anale, qui touche en France environ un million de personnes, dont 350 000 atteintes d’une forme sévère, a de multiples conséquences.
Les causes de cette maladie s’avèrent diverses : extra rectales, c’est-à-dire liées à une pathologie d’ordre neurologique ou neurodégénératif. Ou se produire lorsque les sphincters, ces muscles circulaires entourant la zone anale, perdent leur capacité à se contracter correctement.
Cette perte résulte du vieillissement des tissus ou de séquelles d’une intervention chirurgicale. Un des traitements de référence de l’incontinence anale passe par la neurostimulation sacrée. Cette méthode nécessite l’implantation d’un matériel exogène (électrode et boîtier délivrant les impulsions électriques).
Des fibres musculaires fonctionnelles issues des cellules souches adultes
Une équipe de recherche française de l’Inserm* en collaboration avec le CHU de Rouen (laboratoire de biothérapies et service de chirurgie digestive) vient de développer un traitement innovant. Le principe ? Utiliser des cellules souches adultes (myoblastes) capables de se différencier en cellules musculaires efficaces.
L’objectif ? Pallier la rupture ou le dysfonctionnement sphinctérien. Dans un premier temps, un modèle de la maladie a été développé chez les rats. Traités par des myoblastes, ces animaux ont produit de nouvelles fibres musculaires permettant la récupération de la bonne fonction sphinctérienne.
Stables génétiquement et compatibles avec une utilisation chez l’Homme, toutes les conditions étaient alors réunies pour tester cliniquement ces myoblastes.
Restauration de la contraction du sphincter
Au cours de cette thérapie cellulaire, les propres myoblastes des patients (obtenus par prélèvement d’un fragment musculaire) ont été cultivés. Une fois en nombre suffisant, ils ont été injectés dans le sphincter défaillant de douze patients, douze autres recevant un placebo.
Un an après l’injection, le traitement a permis de soigner sept personnes sur douze (58 %). Alors que dans le groupe placebo, seule une patiente (8 %) a vu son incontinence s’améliorer. Heureusement, les patients placebo ont pu ultérieurement être, eux aussi, traités par leurs propres myoblastes, préalablement congelés.
Avec des réponses positives au traitement tout aussi satisfaisantes.
L’ensemble de ces résultats montre qu’une solution thérapeutique à l’incontinence anale est possible.
Efficace, tolérée chez l’Homme, cette thérapie cellulaire pourrait, à terme, trouver sa place au regard des contraintes des traitements de référence.
(1) Unité Inserm de physiopathologie, auto-immunité, maladies neuromusculaires et thérapies régénératrices de Rouen.
Source :
http://www.faire-face.fr/2017/06/02/nouvelle-therapie-incontinence-anale/