Auteur Sujet: Témoignage : la non-vie sexuelle d'un handi  (Lu 3459 fois)

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Re : Témoignage : la non-vie sexuelle d'un handi
« Réponse #3 le: 25 avril 2018 à 17:31:50 »
@nbvcxw : si j'ai bien compris, dans le début de ton message tu qualifies l'assistance sexuelle comme un pis-aller. Quelque chose que la société "offre" aux handis à défaut de mieux... Seulement, dans la seconde partie de ton message, tu dis y être favorable et y songer de plus en plus sérieusement. Je ne comprends pas très bien ton raisonnement. Tu dis t'être enfermé dans la masturbation mais il y a des valides pour qui c'est le cas également. Penses-tu que ces derniers pourraient alors avoir recours à une assistante sexuelle? Ne crois-tu pas que la société devrait avant tout œuvrer à un changement de regard sur le handicap? A faire en sorte qu'aux yeux de tous, oui, nous devenions de potentiel-les partenaires sexuels? 

Hors ligne Breizhfenua

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Re : Témoignage : la non-vie sexuelle d'un handi
« Réponse #2 le: 24 avril 2018 à 16:03:37 »
Je connais bien les symptômes de ta maladie mais a contrario je ne vois pas du tout les choses comme toi . Je ne sais pas ou tu en es de tes symptômes , pour ma part SEP avec cervelet flingué donc coordination et équilibre c'est mort , cortex abimé donc troubles de la mémoire type manque du mot (ah ah ah mais au WAIS ils ont découvert que j'étais a haut potentiel je vais niquer les statistiques !!!) plus tetraparésie et donc pas de possibilité de tenir debout , sphincters qui ne fonctionnent pas (ou quand ils veulent les cons !) et bras faiblards surtout a droite , bref ça ressemble a un strumpfel lorrain très évolué donc (pardon j'étais infirmière en neuro avant je me permets de comparer , j'ai vu un joli panel de maladies neurodégénératives ).
Et bien ... j'ai une vie sexuelle très (très très) satisfaisante ! franchement je m'éclate au pieu avec mon homme , je contrôle que dalle vu l'absence de contrôle de mes mouvements dans cette situation , la  spascticité et les contractures mais j'ai meme pas envie d'échanger ma place en fait !


Je pense donc qu'il y a le handicap et il y a ce que tu en fait et comment tu le vis .


En aparté je ne suis pas sur qu'être para ou tetra soit plus enviable sous prétexte que c'est définitif ... tu as l'immense privilège de partager ma chance : celle d'avoir conservé toute ta sensibilité ... alors je te dirais ...profites en bien !

Hors ligne nbvcxw

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Témoignage : la non-vie sexuelle d'un handi
« Réponse #1 le: 24 avril 2018 à 13:27:13 »

[size=78%]Témoignage:la non-vie sexuelle d'un handi. Ce que je pense des Assistantes Sexuelles.[/size]En janvier 1994 m’est tombé dessus l’implacable couperet d’un diagnostic médical en forme de catastrophe, et surtout de paraplégie progressive.
Ce qui n’était, à l’origine, qu’une impossibilité de courir, doublée d’une fatigabilité hors norme, presque permanente, et apparaissant au plus petit effort, est devenu, grâce à des examens par appareils d’imagerie médicale, et surtout au génie d’un grand ponte de la neurologie, quelque chose de beaucoup plus embêtant. La maladie génétique et orpheline « de Strümpell - Lorrain » cumule en effet tous les inconvénients : incurable, dégénérative ( elle ne peut progresserque dans le mauvais sens, sans retour en arrière possible ), à évolution irrégulière et imprévisible, polymorphe ( ses manifestations varient d’un individu à l’autre ), et très invalidante ( tous les détails sont sur internet ), elle est en plus mal connue, très peu étudiée, et met en œuvre simultanément un grand nombre de gènes. Strümpell - Lorrain, ou l’art d’introduire insidieusement une paraparésie superficielle, puis de remplacer celle-ci, sournoisement, par une paraplégie lourde, me concernait dorénavant. A vie.
Avec ce genre d’affection, qui atteindrait, à terme, chaque aspect de ma physiologie, donc concernerait chaque parcelle de ma vie, on est loin d’une simple blessure médullaire, aux conséquences dramatiques, certes, mais qui ont le mérite d’être stationnaires. Comment s’adapter à ce qui évolue sans arrêt ?
Quant aux possibilités d’une éventuelle guérison, aucun traitement autre que symptomatique n’existant, ni n’étant prévu, je sais qu’il se passera plusieurs générations avant qu’on ait mis au point une quelconque thérapie. Et gageons que, d’ici-là, la Nature aura su inventer bien pire !
Après ce coup de bambou dramatique, et devant l’insistance permanente de notre société, le martèlement même qu’elle nous prodigue, j’ai docilement accepté mon sort, je m’y suis résigné. Je me suis dit que pour fonctionner correctement et de manière pérenne, notre « civilisation » avait besoin de parias : puisqu’elle m’avait désigné, j’en serai un.
Je me suis résigné à ne pas m’engager sur le chemin d’une vie à deux ordinaire, à rester au large de ces contrées désormais interdites, qui m’avaient pourtant tant fascinées quand j’étais valide. Je me suis ainsi résolu à passer toute la fin de ma vie sans faire de vagues, en cul-de-jatte qui resterait sagement assis sur son fauteuil roulant, où je pourrirai lentement et en silence, comme on me le demandait, en attendant l’asile d’aliénés que m’offrirait si généreusement la société, tant il est vrai que ce genre de handicap tape à la longue inévitablement sur le système.
Pour survivre après une annonce aussi incontournable, et sans appel, je me suis renfermé dans une existence toute autarcique. Cette attitude, qui confine à l’autisme, s’est en fait révélée être un rempart sans égal, face à un monde de plus en plus fou. Je voyais l’oasis que je m’étais créée entourée par une jungle souvent indescriptible, de plus en plus touffue et exubérante, où les sexualités les plus diverses se côtoient et s’entremêlent, sans que personne en soit jamais choqué ( ! ), où tout se rencontre, où tout est possible, mais dont nous sommes chassés. Je me suis bercé de l’illusion d’une existence que je mènerais en un jardin d’Eden où tout serait immuable et fleuri. Ce mirage prenait place dans un environnement qui empirait toujours, au cœur d’une véritable forêt vierge au développement anarchique.
 
Ce développement, savamment entretenu par nos « bien pensants », par ces tenants de la vérité que sont ceux qui détiennent la « culture légitime », comme disent les sociologues, conditio ne tout. En  effet, le paradigme inconsciemment admis par tous, à propos des relations homme-femme a ceci de spécifique : les minorités, par exemple tous ceux atteints d’une maladie chronique et invalidante, en sont systématiquement et définitivement exclus. Et ce consensus est puissant : malheur à ceux qui ne s’y conforment pas !
Le handicap est malheureusement une chose qui fait peur, qui fait même peur à tous, plus ou moins consciemment. Chacun sait qu’il peut, à tout moment et sans préavis, être concerné par une blessure médullaire aussi bien que par une maladie invalidante.
Mais il faut bien faire quelque chose des handicapés, et de leurs nombreux désirs à satisfaire. Or la société, dans sa grande mansuétude, a décidé de mener à leur égard, une politique largement inclusive. Nos dirigeants ont donc résolu le dilemme qui résulte d’une telle situation en adoptant l’attitude suivante : ils ferment systématiquement les yeux sur le mouvement d’Assistance Sexuelle pour Handicapés qui apparaît, bien qu’il aille complètement à l’encontre des lois. Cette tolérance est ainsi unanime.
Cependant, la possibilité pour nous d’avoir recours à des Assistantes Sexuelles ne peut être qu’un succédané, un pis-aller. En tant que réalité psychologiquement satisfaisante, et reconnue par la société car légalisée, elle n’est qu’un leurre, qu’une illusion, au service en fait du socialement acceptable. Sa légalisation n’est donc pas près de voir le jour ! A défaut de pouvoir accéder à une vie sentimentale et sexuelle « normale », les handicapés devront se contenter de la solution, bien bancale pourtant, qu’on leur propose !
En bref, les normes sociales évoluant sans arrêt, l’espèce humaine, qui se prétend civilisée, compense sans cesse, se donne bonne conscience en nous maintenant, gentiment mais fermement, la tête sous l’eau, en nous gardant intouchables, en nous infantilisant en permanence.
 
Ainsi, j’ai renoncé au parfum incomparable d’une rencontre amoureuse aux possibilités tellement épanouissantes, d’une relation à deux où il fait si beau, d’une union à chaque instant tellement créatrice, d’une idylle toujours plus féconde. Comme il doit être géant, le plaisir de pouvoir contempler, dès le réveil, le visage souriant de l’être aimé, d’accompagner ses joies et ses émerveillements en toutes circonstances, bref de partager chacun de ses instants ! Et je ne parle même pas de la cathédrale, de la corne d’abondance sans pareil qu’apportent des câlins réguliers. Ils sont à chaque fois la source d’un feu d’artifice merveilleux parmi nos neurones, et, partant, d’une construction de soi magique et à toute épreuve, l’origine permanente d’une confiance en soi de plus en plus grande !
Depuis la date fatidique de mon diagnostic, je me suis donc replié sur moi-même, vivant de solitude, de rêve et de masturbation, puisque le politiquement correct n’arrêtait pas de répéter que les handicapés, forcément sans sexe ni désir de sexualité, n’avaient rien à faire parmi les autres. De journaux érotiques en « peep-shows », de plages naturistes en films « osés », puis de sites internet emplis de photos « soft » en sites aux contenus de plus en plus « hard », je me suis lentement, mais inexorablement, enfermé dans mon refuge et piège.
Petit à petit, sans que je m’en aperçoive, cette habitude d’excitation solitaire est passée d’obéissance aux injonctions de la société à une source irréversible d’enfermement. De rempart, elle s’est faite prison. Peut-être, d’ailleurs, n’est ce qu’une des nombreuses nouvelles addictions que sécrète notre société, peut-être que, si nous ne prenons pas assez garde à toutes ses tentations, nous serons tous, un jour, de semblables Robinson. Car cette lutte, permanente et sans pitié, entre Eros et Thanatos, plus d’un quart de siècle plus tard, dure toujours. Et je ne sais plus comment en sortir. Il faudra qu’elle soit très forte, la fée qui m’extirpera d’ici !
Le sentiment amoureux est sans doute ce qui justifie le plus notre bref passage en ce monde, même la seule chose, peut-être, qui élève un peu celui-ci au dessus du niveau de la farce. Malheureusement, les représentants des deux sexes de notre espèce ne voient pas de la même façon une relation amoureuse. Là où les hommes ne font qu’appliquer le déterminisme biologique qui les pousse à disséminer le plus possible leurs gènes, les femmes répondent avant tout à leur « instinct de nidification ». La seule chose qui peut les réunir, et donc engendrer et justifier une union, dans la durée ou non, est le sentiment amoureux, que peuvent ressentir les deux.
Je n'ai, malheureusement, jamais bénéficié de l'intervention d'une Assistante Sexuelle ( pour handicapés, ou plus simplement A.S, ). Dieu sait pourtant à quel point ma situation rendrait cela souhaitable. La première fois que j’ai entendu parler de cette activité, toujours pas légalisée en France en 2018, ce qui est regrettable, j’ai pensé que cette possibilité, louable dans son principe, ne devrait être réservée qu’aux cas les plus lourds. Or, depuis quelques années, force est de constater que mon état de santé me fait faire partie de cette catégorie. Il est donc, actuellement, dans mon intention, d’y avoir prochainement recours.
Dans une telle éventualité, il est très important d’avoir pleinement conscience qu'il ne s'agirait que de satisfaire mes hormones, mes instincts, ma chair, et rien d'autre, bref de ressentir du plaisir. Entre amour physique et amour-sentiment, la limite est en effet très ténue, à la fois floue et mouvante. Il serait très aisé de glisser de l’un à l’autre, de faire l’amalgame.
[/color]Ceci est d’autant plus vrai que pendant l’amour physique, c’est notre cerveau reptilien, complètement dénué d’esprit critique, de possibilité de raisonnement rationnel même, qui est aux commandes, qui dirige tout. Il lui serait simple alors, sous la férule d’un inconscient ô combien puissant, de convaincre le reste de notre esprit, qu’un attachement se met en place avec ce genre de partenaire. Mais ce serait là, en fait, juste une illusion, destinée à nous faire renouveler l’expérience, pour que l’animal qui est en nous obtienne à l’avenir à nouveau satisfaction. Or une stratégie aussi machiavélique de notre inconscient peut très bien être déjouée : il nous faut, pour cela, beaucoup de réflexion, une prise de conscience éclairée et permanente. A ceux qui veulent utiliser les services d’une Assistance Sexuelle de montrer qu’ils sont à la hauteur ! 
[/color]
 [/size][size=78%][/color]Le concept même d’assistance sexuelle est donc à manier précautionneusement, avec beaucoup de discernement. Sa réalité, bien que louable dans son principe même, ne doit pas être confiée à tous. En définitive, je pense que l’Assistanat Sexuel ne devrait profiter, parmi les handicapés, qu’à ceux qui auraient tout d’abord mené à bien une réflexion poussée à son propos. [/size]





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